CONDITIONS DE TRAVAIL

ET VIE SOCIALE DU SCAPHANDRIER






INTRODUCTION

On possède peu de renseignements sur les conditions d'emploi des scaphandriers jusqu'à la grande période des renflouements, à partir de 1945. Cependant, outre les personnels appartenant ou travaillant pour la Marine, il semblerait que les administrations telles que les Ponts-et-Chaussées utilisent des scaphandriers titularisés mais susceptibles d'effectuer d'autres travaux en dehors des périodes de plongée. Il en est de même pour les entreprises privées et le pieds-lourds peut se transformer en maçon, grutier, voire manœuvre, pour peu que sa présence en tant qu'individu effectuant des travaux sous-marins ne se justifie pas à temps complet. Jusqu'à la fin des années 1930, il est payé aux conditions générales de la profession à laquelle il se rattache et reçoit un supplément horaire lorsqu'il plonge. Certains deviennent indépendants, ils sont artisans-scaphandriers et louent leurs services pour toutes sortes de travaux: sauvetage, récupération, inspection, etc... Souvent ils sont issus de la Marine où ils ont appris l'utilisation du matériel. Parfois, ils sont des scaphandriers de père en fils, se transmettant les techniques du métier au fil des générations. Les individus pratiquant ce métier sont généralement bien payés, leur salaire équivaut, en moyenne, à deux fois celui d'un ouvrier, pour peu qu'ils exercent à temps complet.

Certains scaphandriers bénéficient d'une importante notoriété dans la région où ils opèrent. Véritables "figures" des ports, ils sont connus pour leurs activités sous-marines, vite transformées en courageux exploits aux yeux de leurs contemporains pour lesquels mettre la tête sous l'eau relève de l'inconscience ou simplement d'un accident. Malheureusement, cette vénération est parfois exploitée par des charlatans, n'étant scaphandriers que de nom , qui profitent de la crédulité des néophytes pour se mettre en évidence et démontrer des capacités souvent inexistantes.

CONDITIONS DE RÉMUNÉRATION

Bon nombre d'entre-eux ne deviennent pas scaphandriers par vocation mais par nécessité. La plupart sont marins et apprennent le métier sur le tas. Il faut des hommes capables de travailler sous l'eau, peu importe leur formation d'origine pourvu qu'ils soient de bons ouvriers et qu'ils sachent rapidement utiliser un scaphandre. Les entreprises travaillant aux renflouements sont souvent rémunérées sur dépenses contrôlées, plus un bénéfice, ce qui incite à étudier de près les salaires des personnels, et notamment ceux des scaphandriers. Parallèlement, se crée un syndicat de scaphandriers, revendiquant des augmentations de salaire mais également une réglementation des conditions de travail. Suivant les ports, une véritable surenchère des salaires suscite l'inquiétude des commissions locales. Il devient pas conséquent, urgent d'adopter une réglementation au niveau national afin d'éviter la dissociation permanente des équipes de renflouement. Les scaphandriers sont jeunes pour la plupart, pratiquant le métier parce qu'il est bien rémunéré et n’hésitent pas à quitter leurs employeurs pour rejoindre des ports où les salaires sont plus élevés. C'est la loi de l'offre et la demande, le travail à effectuer est considérable et il y a peu de candidats, comme nous l'a confié l'un d'eux: "on quittait une boîte un jour, on entrait dans une autre le lendemain !" A partir de 1945, des conventions voient le jour entre les entreprises, les scaphandriers et les employés œuvrant aux renflouements, d'autre part. Par la suite ces conventions sont adoptées par les ministres de la Marine, du travail et des travaux publics.

CONDITIONS DE TRAVAIL

Outre les bases salariales du personnel des renflouements, la Commission interministérielle s'emploi à étudier les moyens à mettre en oeuvre pour la sécurité des scaphandriers. Ainsi, elle préconise la présence d'un caisson thérapeutique de recompression dans chaque port. La Commission recherche également la cause des accidents, afin d'assurer un rôle de prévention. A partir de 1948 apparaissent les premières réglementations. Généralement, celles-ci sont respectées au sein des entreprises de renflouement sous la surveillance de membres de la commission. Il en va tout autrement sur les chantiers extérieurs, notamment en ce qui concerne les horaires de travail et la mise en oeuvre des normes de sécurité. Après la période de grands renflouements, les entreprises assurant leur reconversion dans les travaux publics emploient des scaphandriers issus de cette première formation. Ceux -ci conscients de leurs droits qu'ils tiennent bien évidemment à conserver, n'hésitent pas à réclamer la signature de conventions leur assurant un minimum de garanties pour ce qui concerne leurs bases salariales et leur conditions d'emploi. Ces conventions ne sont toutefois pas généralisées au niveau national. Malgré toutes les prescriptions, il n'en reste pas moins que le métier de scaphandrier, même s'il est assez bien rémunéré par rapport aux autres professions ouvrières, demeure extrêmement pénible et dangereux. Il nécessite des hommes courageux et robustes, capables de supporter des conditions de travail très difficiles.

Sources bibliographiques : "Les Pieds-lourds, histoire des scaphandriers à casque français"avec l'accord de leurs auteurs.